Sôp Côp est un district montagneux de la province septentrionale de Son La, frontalier avec le Laos et peuplé essentiellement de minorités ethniques. Au cours des quatre dernières années, 2.500 de ses habitants de 15 à 60 ans ont pu apprendre à lire et à écrire.
Pour les autorités locales, l’éducation et en premier lieu l’alphabétisation sont des clés pour l’avenir de ces populations.
En 2015, les 15-60 ans étaient 28.000 à Sôp Côp. 4.500 d’entre eux ne savaient ni lire ni écrire, ce qui était un véritable frein à leur propre épanouissement et au développement socioéconomique local.
Les autorités locales ont alors mis en place une direction de l’alphabétisation avec des antennes communales et villagoises. Leurs membres se sont vu assigner pour mission de frapper à la porte de chaque villageois pour le persuader d’apprendre à lire et à écrire, se souvient Tong Thi Quyên, cheffe adjointe du service de l’éducation et de la santé du district.
« On leur expliquait pourquoi leurs enfants ne se portaient pas aussi bien que les autres. C’est en grande partie à cause d’eux, en tant que parents, qui ne savent pas lire. Il arrive d’ailleurs que des mères donnent de mauvais médicament à leurs enfants, juste parce qu’elles ne savent pas lire », dit-elle. « On leur a aussi expliqué que si leur riz ne poussait pas aussi bien que celui des autres, c’est parce que les autres savaient lire et choisir entre les différentes variétés… Bref, nous les avons mis devant l’évidence que leur pauvreté était le résultat inévitable de leur analphabétisme »
La direction de l’alphabétisation de Sôp Côp a fait appel aux unités de l’armée présentes sur place pour apprendre à lire et à écrire aux autochtones. Ça tombe bien puisque l’alphabétisation des montagnards fait partie des priorités de la deuxième zone militaire, à laquelle est rattaché ce district, comme nous le fait remarquer le sous-colonel Trân Manh Cuong, un de ses responsables.
« Beaucoup d’habitants ont suivi les classes organisées par notre unité et ont pu constater à quel point leur vie, mais aussi la nôtre, ont changé », note-t-il. « Auparavant, comme ils ne savaient pas lire, on avait beaucoup de mal à mener nos campagnes de sensibilisation. C’était par exemple impossible de faire changer leur mauvaise habitude de garder le bétail en-dessous de leur maison sur pilotis. Maintenant, c’est beaucoup plus facile ».
Les cours d’alphabétisation continuent. Depuis le début de l’année, les unités de l’armée ont ouvert cinq classes pour 125 apprenants à Sôp Côp. Le poste de garde-frontière de Nâm Lanh s’occupe de deux de ces classes, fait savoir son commissaire politique, Lo Van Binh.
« Les habitants sont d’autant plus motivés qu’ils ont vu certains des leurs s’enrichir grâce à l’application des nouvelles techniques d’élevage et de culture acquises grâce à la maîtrise de la langue vietnamienne », constate-t-il.
« La langue vietnamienne », nous disait Lo Van Binh. Il faut savoir justement que les autochtones appartiennent à plusieurs ethnies et que pour leur propre épanouissement, il leur est absolument indispensable de savoir lire et écrire en langue vietnamienne, la langue des Kinh majoritaires et langue officielle du pays. Evidemment, c’est un véritable défi, pour eux et pour les autorités locales qui prennent note d’un nombre important de « rechutes » dans l’analphabétisme. C’est en effet le cas de la moitié des 2.500 personnes qui ont appris à lire et à écrire au cours des quatre dernières années. L’alphabétisation est donc un travail de longue haleine. En plus de compter sur les enseignants du primaire et sur les forces armées, les autorités locales ont fait appel à la générosité des particuliers et des organisations pour que tous les habitants de Sôp Côp de 6 ans et plus puissent lire et écrire, condition indispensable pour prendre en main leur avenir.
CPV
(Source: VOV)